Dans le titre Jimmy P. (psychothérapie d'un Indien des plaines), soupesons chaque mot minutieusement et postulons que le plus important est… «plaines». Pourquoi ? Parce ce que c'est à nos yeux le mot qui, tout compte fait, ressemble le plus au film, celui qui décrit le mieux son paysage esthétique et mental, son volume vaste, sa solitude aussi, et d'une certaine façon son relief. Non, Jimmy P. n'est pas un film plat mais un film ample, large, qui étend les bras en 5.1 et auquel il manque peut-être juste un peu de sédiments pour être tout à fait majestueux. Le film nous aidera aussi à comprendre que cette topographie de plaines qui caractérise son origine n'est pas neutre dans la constitution culturelle, ethnographique, de l'identité, en plein chaos, de ce fameux Indien.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, Jimmy Picard, soldat américain issu de la tribu des Blackfeet, est revenu dans un sale état du front européen : son corps est intègre, mais son âme est blessée. Le diagnostic des médecins qui l’accueillent dans un hôpital militaire du Kansas est indécis. Est-il durablement schizophrène ou provisoirement traumatisé ? Pour en avoir le cœur net, on a la bonne idée de faire venir un spécialiste hors norme, le chercheur Georges Devereux, ethnologue et psychanalyste d’origine hongroise et de nationalité française, spécialiste des cultures amérindiennes et qui travaille justement aux Etats-Unis au moment des faits. Ravi du cas d’études très original qu’on lui