Au volant de sa vieille Mercedes beigeasse, Bettie s’en va. Parce qu’elle ne trouve rien à cloper dans le bled breton où elle tient un restaurant. Les tabacs ouverts se faisant rares, le mouvement de recherche, d’abord circulaire, devient centrifuge et propulse Bettie bien au-delà des frontières du département, de la région. Voilà ce qui arrive parfois quand on ne tourne pas rond en rond : on fuit. Sans tapage ni fureur, Bettie se dissipe, tant au sens moral que physique. Offerte aux rencontres d’une heure, d’une nuit, ouverte aux paysages de passage. La bonne idée d’Emmanuelle Bercot (lire son portrait dans Libération d’hier), c’est qu’elle filme comme Bettie tourne. En rond, jusqu'à un vertige qui l’expédie ailleurs, le nez au vent des situations (comiques ou pas), des plans (bons ou mauvais), des rencontres avec des personnes (un papy rouleur de clopes, un veilleur de nuit) qui mutent en personnages. Un rôde-movie dont Bettie est l'épicentre. Soit Catherine Deneuve, la septantaine impériale, pour qui Elle s’en va est écrit. Et elle le porte et le transporte de bout en bout.
Ce n’est certes pas la première fois que Deneuve s’adonne au film d’auteur en lui apportant le coup de main de sa renommée et de son grand talent d’actrice. Mais, ici, le personnage semble tellement inspiré par la personne que le film pourrait être vu aussi comme un documentaire, voire u