Menu
Libération
Cinéma

Blues «Jasmine»

Article réservé aux abonnés
Méditation. Cate Blanchett excelle en bourge déclassée dans un Woody Allen aigre et noir.
Cate Blanchett, le regard pas tout à fait focalisé. (Photo Mars Distribution)
publié le 24 septembre 2013 à 23h07
(mis à jour le 25 septembre 2013 à 10h38)

On ne sait quelle contingence malheureuse a pu survenir dans la vie de Woody Allen entre Hollywood Ending et Anything Else, soit probablement fin 2001, début 2002 (le 11 Septembre, un coup de vieux, la déprogrammation d'une émission favorite ?), pour que l'humeur profonde de son cinéma s'en trouve si durablement altérée. Son style dérive depuis lors vers une abstraction d'ouvrage tardif et, surtout, l'Amérique devient un territoire ostensiblement peu respirable. N'a depuis cessé de s'affirmer une pendulation observée par sa filmographie, entre escapades européennes à l'enjouement trompeur de carte postale (Londres, Paris, Barcelone, Rome…) et saumâtres retrouvailles avec son pays. Une singulière forme de cyclothymie géodéterminée, qui aura culminé dans le réflexif diptyque Melinda et Melinda (New York, 2004) - Match Point (Londres, 2005). L'un à la suite de l'autre, tous deux s'affairaient ainsi à dénuder et investiguer les rouages et figures de son cinéma - le premier pour mieux les livrer au désenchantement d'un sinistre jeu de massacre, quand le second opérait un brusque retour de croyance.

Chute. Dix ans et à peu près autant de films plus tard, sa dernière réalisation ne fait que prolonger un tel balancement lunatique. Relecture californienne, d'une neurasthénie très sûre, d'Un tramway nommé désir à l'heure de la crise financière, Blue Jasmine ausculte le déclassement de son héroïn