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Libération
Critique

François Dupeyron, l’âme au poing

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Écrouelles . Le cinéaste insurgé signe un film étonnant sur un colosse cabossé pouvant soigner par apposition des mains.
Grégory Gadebois, Céline Sallette et un gros guidon. (Photo Alfama Films)
publié le 24 septembre 2013 à 23h07

François Dupeyron est un franc-tireur qui a démarré sur les chapeaux de roue (Drôle d'endroit pour une rencontre, 1988), a connu ensuite quelques hauts (la Chambre des officiers, 2001) pas mal de bas et se retrouve aujourd'hui sans chapeaux ni roue à filmer sur la jante quand le système de production le lui permet. Un système auquel Dupeyron consacre trois pages (sur six) du dossier de presse de son nouveau film, pour hurler contre l'inculture des producteurs, indépendants ou pas, sous domination, voire dictature «soviétique» de la télé. Et de citer, gag à pleurer, le cas d'un «décideur» d'Arte que la mention du nom de Tarkovski fait fuir : «Non, Tarkovski, c'est pas possible.»

Inframonde. Ces coups de tête sont aussi des coups d'intelligence : «On est en face de gens qui ne sont pas plus cons que les autres, c'est le système qui les rend idiots, assassins. Parce qu'au fond, ils ne font que protéger leur petit privilège…» On va dire «Dupeyron exagère, c'est plus compliqué, il y a du pour et du contre, il faut raison garder…» Certes, bien sûr et va te faire foutre. Car un Dupeyron en rogne, surtout dans ses excès, vaut mieux que le conte de fées de la grande famille des Bisounours du cinéma français. On ne peut donc que se réjouir qu'il ait trouvé un producteur (Paulo Branco) pour adapter un de ses romans, Chacun pour soi, Dieu s'en fout.

Le film se lance dans la foulée de son titre au p