Trois écrans plats façon home cinéma ou salle de contrôle diffusent en continu des fragments de films syncopés. Un flux fracassant où se télescopent Tom Cruise dans Oblivion, la chanteuse Miley Cyrus peu vêtue dans son clip porno chic Wrecking Ball, les deux geeks patauds de la sitcom Big Bang Theory ou le dernier épisode de Breaking Bad. Ce collage audiovisuel n'est pas agencé par un monteur épileptique mais généré automatiquement par le réseau peer to peer. The Pirate Cinema, installation de l'artiste Nicolas Maigret, avec le développeur Brendan Howell, révèle l'activité invisible du partage de fichiers de «pair à pair» et la géographie de ces échanges globalisés.
Les images qui se succèdent, parfois en haute définition, parfois très dégradées, montrent les données à mesure qu’elles sont interceptées. Pour chaque échantillon s’affichent des suites de chiffres correspondant aux adresses IP (numéro d’identification attribué à chaque appareil connecté au réseau), le pays de provenance et sa destination. On assiste fasciné à la vertigineuse circulation de données, à la dissémination mondiale des contenus, correspondant aux 100 films les plus partagés. L’installation confère une étrange présence à cette activité d’ordinaire abstraite et souterraine, qui se déroule dans l’ombre des tuyaux. On observe les liens qui se tissent entre les machines, celle de l’utilisateur d’Arabie Saoudite, de Roumanie, de Russie ou du Japon, ce qu