En achevant la visite de «Pasolini Roma», il faut prendre garde à ne pas se laisser happer par la tentation de voir des photographies du corps du cinéaste éclaté sur le sable de la plage d'Ostie, le 2 novembre 1975. D'abord, parce que ces images sont à peine montrées, l'exposition, mise en scène par Alain Bergala traitant l'assassinat avec la pudeur que l'on porte à un être adoré. Ensuite, car ce serait rater un diaporama montrant des images passionnantes. Le 31 mai 1975, à Bologne, l'artiste Fabio Mauri invite Pier Paolo Pasolini à une performance. Dans l'espace obscur de la Galleria d'Arte Moderna, ce dernier s'assied sur une chaise, habillé d'une chemise blanche sur laquelle est projeté son Evangile selon saint Matthieu. Subsistent des photographies où le corps de Pier Paolo Pasolini devient écran, objet d'une transsubstantiation - évidemment - christique, mais surtout filmique.
Moiteur. «Pasolini Roma», donc. L'expression a des airs de mot-valise entre Fellini Roma ou Mamma Roma. L'exposition décrit, avec une linéarité chronologique, les liens entre le cinéaste-philosophe et la ville. Mais il y a une certaine ironie dans cette exposition, qui fait là sa deuxième étape après Barcelone, pour ensuite se diriger en 2014 vers Rome et Berlin. Car, si Pasolini a vécu à Rome de 1950 à 1975, il a passé ce quart de siècle à conspuer la supposée dolce vita, à y traquer des chemins de traverse. Son arrivée en v