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Libération
Interview

«S’ouvrir à l’étranger était notre unique chance»

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Les cinéastes Fabio Grassadonia et Antonio Piazza s’alarment de l’asphyxie financière qui frappe le cinéma italien et de la crise culturelle post-Berlusconi.
Antonio Piazza et Fabio Grassadonia. (Photo Giulia Parlato)
publié le 15 octobre 2013 à 20h26

Après une quinzaine d'années à œuvrer ensemble comme scénaristes et un court métrage remarqué sur la scène festivalière internationale où, déjà, il était question d'une jeune aveugle (Rita), Antonio Piazza, 43 ans, et Fabio Grassadonia, 45 ans, ont réalisé Salvo, fable criminelle et premier film marqué tant par une passion avouée pour le cinéma de Melville et le film noir que par le western spaghetti. A la Semaine de la critique, au sein de laquelle il était présentéà Cannes, il a remporté le grand prix et le prix révélation.

Comment met-on sur pied un premier long métrage en Italie aujourd’hui ?

Antonio Piazza : Avec beaucoup de difficultés. Le principal écueil aura été la télévision. La télévision privée ne voulait même pas entendre parler de notre projet, quant à la télé publique, la RAI, ils n'ont pas voulu nous financer. Ils n'ont même pas souhaité voir le film alors qu'il était sélectionné à la Semaine de la critique à Cannes. De fait, il y a d'une part l'amenuisement des financements publics et, d'autre part, l'absence de réelle alternative du côté privé, même s'il existe un crédit d'impôt qui, structurellement, bénéficie surtout à ceux qui ont déjà des financements. La situation est très périlleuse, et notre pays en souffre beaucoup. Notre film n'aurait sans doute pas pu exister sans la coproduction française et l'appui d'Arte.

Dans quelle mesure cette situation de la production de cinéma est-elle représentative des politiques culturelles en Italie ?

Fabio Grassadonia : Les problèmes de financement et de distribution d'un certain type de cinéma italien s'inscrivent effectivement dans un contexte beaucoup plus complexe.