Si l'on s'en tient à la seule cataracte de dithyrambes qui s'est déversée sur Gravity aux Etats-Unis, le film d'Alfonso Cuarón constitue déjà un phénomène : «Le meilleur film sur l'espace jamais réalisé, j'ai été abasourdi, absolument terrassé» (le réalisateur d'Avatar, James Cameron) ; «je suis ébahi, c'est le genre de spectacle qui va nous servir de modèle» (l'auteur de Black Swan, Darren Aronofsky) ; «même en ne gardant que la moitié du bien que j'en pense, cela resterait une de mes plus grandes expériences de spectateur» (le critique en vogue Matt Zoller Seitz). Dans une industrie dont le modèle de fabrication est dominé par les franchises pour adolescents (Iron Man, Transformers, Twilight…), Gravity réactive le pouvoir de sidération du prototype brillant et adulte dans un univers de produits sériels. Alfonso Cuarón, son coscénariste de fils Jonás et son producteur David Heyman (lire ci-contre) ont mis sept ans à parachever ce blockbuster minimaliste (le cinéaste dit avoir eu pour modèle le Robert Bresson d'Un condamné à mort s'est échappé) requérant à l'écran la présence de deux acteurs seulement et en coulisses des équipes de centaines de techniciens, ingénieurs et consultants.
Haïku. Que l'on participe ou non à cette épidémie de pâmoison, trois semaines après sa sortie américaine, il apparaît que Gravity inscrit une bascule dans l'économie hol