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Libération
Critique

«Nos héros», le goût du chiqué

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Ring . Le premier long métrage de David Perrault s’immerge dans la France du catch des années 60.
(Photo DR )
publié le 22 octobre 2013 à 18h06

A ma gauche, masque blanc : le Spectre, Simon dans le civil, catcheur sans peur et sans reproche, chéri des mioches et des parieurs. A ma droite, masque noir : l'Equarisseur de Belleville, le salaud, alias Victor, ancien de la Légion largué par sa femme, plus désabusé que teigneux. C'est Simon-Spectre, son seul copain, qui l'a introduit dans le monde du ring, où s'affronteront ces deux combattants, deux archétypes, deux couleurs, deux personnalités… Nos héros sont morts ce soir, le premier film de David Perrault, est dual.

Au menu des symboliques clignotantes, Nos héros… donne de quoi mâchonner jusqu'à l'indigestion. On y trouve pêle-mêle politique - au début des années 60, ce masque noir du légionnaire, c'est la France de la guerre d'Algérie -, social - Victor refuse le rôle noir de faire-valoir que les nantis veulent lui faire jouer et lorgne le masque blanc -, identitaire - en voulant s'emparer des atours de son ami, Victor n'évolue pas mais dévoile sa nature, celle d'un salaud… Car, au fond, qu'ils soient coiffés d'un masque blanc qui s'exhibe fièrement sur un ring ou d'une cagoule noire qui s'ôte par pelure durant un cauchemar, c'est vers les salauds - traîtres, petites frappes, manipulateurs - que nous transporte Perrault, qui quitte de scène en scène le spectacle de la représentation pour chercher le caractère primitif, l'essence indécente de l'être.

En parlant de lettres, Nos héros… dévoile entre les cordes un léger complexe tant il étale ses