Il y avait quelque chose de touchant à observer Guillaume Canet, acteur solidement établi et réalisateur vedette du box-office français, tenter une aventure américaine. Son projet : le remake des Liens du sang, de Jacques Maillot (où il était un des principaux protagonistes), transposé dans le contexte du New York déglingué des années 70. Pour l'occasion, il a embringué la bagatelle de James Gray (Little Odessa, The Yards…), au scénario, et James Caan (le Parrain), dans un rôle secondaire, histoire d'estampiller le tout du label original US. Manifestement, celui à qui la France du cinéma ne peut rien refuser n'a pas trouvé non plus de l'autre côté de l'Atlantique quelqu'un capable de mettre un frein à ses toquades. C'est d'autant plus gênant que Canet a choisi de se frotter à ce qu'il revendique comme ses modèles, les Sidney Lumet, William Friedkin, John Frankenheimer ou Martin Scorsese à l'époque où ceux-ci formaient la meute de chiens fous prêts à mettre le feu au cinéma américain.
Or, Blood Ties, outre son scénario de tragédie du pauvre, ne franchit jamais l'étape d'un simulacre vintage, reconstitution antiquaire d'un cinéma dont la parenthèse sauvage est refermée depuis longtemps, produisant à peu près autant d'émotion que l'achat d'un jean pré-usé hors de prix. Des costumes surmontés de moumoutes s'agitent vainement dans des décors passés au filtre Agfacolor afin de raconter l'affrontement de deux frères, l'un gangster, l'autr