Le calendrier des distributeurs permet aux spectateurs français d'aller voir coup sur coup Gravity et Snowpiercer (dans la même journée si ça lui chante), soit deux blockbusters atypiques qu'il est intéressant de comparer. Il se trouve que les deux films se partagent l'acteur Ed Harris, voix d'outre-monde émise depuis la base de Houston pour le premier, ingénieur-tyran et deus ex machina du train totalitaire dans le second.
Winchester. Mais en dehors de cet effet de casting purement fortuit, les deux films brillent comme la double facette d'une angoisse contemporaine. Gravity, et son immense cosmos 3D où personne ne vous entend dériver, semble avoir été conçu pour détruire nos dernières illusions sur ce nouveau territoire à conquérir et à domestiquer, l'espace à zéro gravité. Là où la SF ado post-Star Wars continue de se balader entre les planètes en rejouant à l'échelon galactique les vieilles animosités internationales ou ethniques, le film d'Alfonso Cuarón fascine les foules parce qu'il vide le cosmos de toute métaphysique, de tout pathos, de tout conflit avec une altérité extraterrestre. Ne reste alors qu'un champ obscur à la périphérie infiniment élastique, impossible même à penser et qui oblige la créature humaine, coupée du monde, à se mesurer à un incommensurable autrement plus féroce que la