En juin 1978, Alain Ughetto avait croisé Jasmine, jeune femme qui terminait sa thèse en France. Leur histoire d’amour s’était prolongée chez elle, à Téhéran, en pleine révolution iranienne. Ils se filmaient, s’aimaient dans un petit appartement, observaient les bouleversements, les premières marches des mollahs. Le temps des hijabs venu, il est rentré en France, persuadé que Jasmine le rejoindrait. Ils se sont écrits longtemps, le temps a étiré le fil, qui s’est cassé. Un jour, une lettre est revenue. Jasmine n’habitait plus à l’adresse indiquée.
Chuchote. Il y a quelques années, Alain Ughetto a voulu raconter cet amour de jeunesse dans un documentaire. Retourner sur les lieux, chercher les traces. C'est devenu un très beau film d'animation. Dans un Téhéran reconstruit dans des boîtes d'emballage en polystyrène éclairées de façon à donner une profondeur étonnante, la sensation d'une mégalopole persane, le film raconte ces quelques mois ardents. Aux fenêtres béantes et, sur les toits, une multitude de personnages en pâte à modeler bleue. Personnages abstraits, des trous en guise d'yeux. Un couple les observe, chuchote, s'aime dans la nuit. L'auteur seul est en pâte à modeler blanche et lorsqu'ils s'unissent les pâtes se mélangent, jusqu'à ne plus former qu'une boule.
Ughetto faisait de l’animation en pâte à modeler au début des années 80. Des histoires d’amour impossible ou d’oppression. Puis, il avait abandonné pour se rapprocher du docume