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Cinéma

«Snowpiercer», rage de glace

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Le Sud-Coréen Bong Joon-ho imagine que la lutte des classes survit à l’Apocalypse : une SF brechtienne.
publié le 29 octobre 2013 à 22h16

A quoi peut bien ressembler la fin de l’histoire ? Pour le Coréen Bong Joon-ho, elle a une vieille saveur de déjà-vu. Le futur, c’est soit ce qui a déjà beaucoup servi, soit ce qui a résisté à toutes les capacités d’anticipation (ce qui peut-être revient au même).

Dans Snowpiercer : le Transperceneige, l'apocalypse a plongé le monde dans une nouvelle ère glaciaire suite à une tentative malencontreuse pour inverser le cours du réchauffement climatique. La population décimée, les villes industrieuses figées dans la neige, la blancheur mortelle, seul un train continue de transporter du vivant et de rouler dans le blizzard, à travers les paysages immobiles. Les rescapés sont embarqués dans une pérégrination cyclique autour du globe, scandée par le passage annuel sur le Yekatarina Bridge. A bord, sans que l'on sache précisément ni comment ni pourquoi, règne un ordre social strict avec des masses indigentes croupissant dans les wagons à l'arrière et, séparée par des portes étanches gardées par des soldats, une high society vaquant à sa survie insouciante dans les confortables wagons de tête. Quand le film commence, le train a déjà dix-sept ans de service, et nous sommes au beau milieu d'un wagon basse catégorie, au milieu de gens sales, en haillons, nourris chaque jour de barres protéiniques qui ressemblent à des plaquettes de mazout. Curtis (Chris Evans), Edgar (Jamie Bell) et Gilliam (John Hurt) sont les principaux leaders fomentant une révolte imminent