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Libération
Critique

«The Major»: les flics jouent à la boulette russe

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Neige. Thriller sur des policiers véreux pris au piège de leurs dérapages.
publié le 5 novembre 2013 à 18h06

Inspiré d’un récent fait divers russe, le deuxième long métrage du jeune Yuri Bykov (découvert à la Semaine de la critique lors du dernier Festival de Cannes) file à vive allure, scandé par une succession de dérapages sans cesse plus incontrôlés.

Ainsi, tout commence dans The Major par une glissade, dans un crissement strident de pneus sur la neige d'une départementale russe et un fracas de tôles froissées. Lancé à grande vitesse en direction de la maternité où l'attendent sa femme et un nouveau-né, un commandant de police voit passer sous ses roues un gamin de 7 ans qui ne s'en relèvera pas.

S’ensuivent alors d’autres dérapages coupables qui feront pleuvoir les cadavres sur la fiction, car il faut bien aux flics véreux étouffer cette affaire qui n’a de cesse de leur filer entre les doigts, faire taire la mère endeuillée, juguler la fureur éperdue du père, et puis entreprendre d’échapper aux conséquences de leurs actes.

Dans le dossier de presse du film, Yuri Bykov cite en modèles pas moins d'une vingtaine de noms de réalisateurs américains des années 60 et 70, Sidney Lumet en tête. Et de fait, The Major, satire fataliste des chaînes de dérèglements et des logiques claniques à l'œuvre au sein des institutions d'une société russe corrompue, adopte une forme nerveuse du thriller, dont l'action se déroule dans un quasi-temps réel embrassé par de mouvementés plans séquences en caméra à l'épaule. Bien qu'acculé tant par son budget que par un probable délire de cont