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Libération
CRITIQUE

«Quai d’Orsay», faction publique

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Adaptation peu nuancée de la BD à succès.
Thierry Lhermitte. (Photo DR )
publié le 5 novembre 2013 à 18h06

La classe politique souffre auprès de l'opinion publique d'un sérieux discrédit, et ce n'est pas le Quai d'Orsay, de Bertrand Tavernier, qui risque d'infléchir la tendance. Pour qui serait insensible à l'univers graphique, commençons par rappeler que le projet prend sa source dans la bande dessinée du même nom, signée Abel Lanzac et Christophe Blain. Un énorme succès d'édition, publié en 2010 et dont tout le monde, à l'époque, avait salué la grinçante véracité.

Dédale. Au cours de sa longue carrière, Tavernier a déjà abordé à quelques reprises les arcanes du pouvoir et les rapports de force hiérarchiques (Que la fête commence…, Capitaine Conan, la Princesse de Montpensier), mais c'est la première fois que le cinéaste traite la question sous un angle contemporain et aussi sarcastique.

Chapitré, comme la BD, par les pensées d'Héraclite («L'homme stupide, devant tout discours, demeure frappé d'effroi», ce style), Quai d'Orsay est une plongée édifiante dans le quotidien du ministère des Affaires étrangères, tel que l'appréhende un jeune conseiller qui va en voir des vertes et des pas mûres en découvrant le fonctionnement d'un dédale phagocyté par un mélange de petitesse humaine et d'aberrations administratives : coups tordus entre collègues sur fond de jalousies et de rivalités, décisions prises à l'emporte-pièce, vacuité d'une phraséologie à peu près autant déconnectée des réalités que ceux qui en abusent…