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Cinéma

Le bruit et la fourrure

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«La vénus à la fourrure»: huis-clos théâtral de Roman Polanski farci d’allusions à sa vie mouvementée.
publié le 12 novembre 2013 à 18h06

Pour Roman Polanski, faire un film semble bien plus compliqué que pour ses contemporains cinéastes. Ce n’est pas une question de financement ou de casting, mais plutôt du côté du spectateur qu’il y aurait comme un problème. Quand un homme parvient à ce degré de notoriété distordue, chaque phrase, chaque apparition et, à plus forte raison, chaque nouveau film semblent livrer, en dépit de tout, un mystère sombre à décortiquer, une fiction en trompe-l’œil dissimulant quelques codes secrets susceptibles de dévoiler une vérité. La vérité sur quoi au juste ? Personne n’en a plus la moindre idée, mais ainsi va la vie de Polanski.

Plus il s’exprime, plus le cinéaste prête le flanc à des interprétations sur son cinéma, sur son existence rocambolesque et tragique, sur l’épisode de détournement de mineure qui lui a valu le feuilleton interminable que l’on sait, ajoutant malgré lui de la confusion et du désordre à une légende qui en déborde déjà.

Tweed. Assorti de cet effet pervers, la Vénus à la fourrure entend justement rentrer dans le chou de cet amoncellement de rumeurs et de certitudes frelatées sur son compte. L'affaire est l'adaptation d'une pièce qui fit fureur à Broadway et que Polanski s'est chargé de faire totalement sienne. Dans le huis-clos d'un théâtre décati, un jeune metteur en scène, avec tout ce qu'il faut de fougue arrogante et de veste en tweed négligemment sur mesure, se lamente sur le catastrophique casting qu'il vient à