Dans le club pas si fermé que ça des Français oscarisés, ce grand gaillard figure parmi les plus méconnus. Luc Jacquet, réalisateur de la Marche de l'empereur, revient avec un nouveau film, Il était une forêt, toujours en pleine nature mais un brin plus difficile à vendre que les tribulations reproductives d'une colonie de manchots empereurs amoureux. «Filmer des arbres, ce n'est pas ce qu'il y a de plus évident ! A première vue, ça ne bouge pas.» Dit autrement, à l'heure où le cinéma regorge de plans de trois secondes, ça enquiquine tout le monde. Pourtant, le film est d'une audacieuse poésie. Il détaille l'existence d'une forêt primaire avec ses stratégies de vie, de mort et ses relations avec le monde animal. Si l'arbre ne bouge pas, la caméra le fait à merveille : grâce à un drone, le spectateur avale de spectaculaires travellings permettant l'alliance de l'humus et du ciel. Vertigineux.
Avec Il était une forêt, Jacquet se met non seulement au service de la nature mais aussi d'un homme, le botaniste Francis Hallé, qui a consacré sa vie aux forêts primaires (Libération du 18 octobre). Luc Jacquet le filme avec douceur, le faisant évoluer sur la cime de gigantesques moabis ou sous l'ombre des figuiers étrangleurs. «C'est la première fois que je rencontre un homme qui a une telle empathie pour les arbres.» La forê