Dramaturge révélé en 1979 par sa pièce Regarde les hommes tomber (dont Jacques Audiard s'inspirera pour son premier film), cinéaste, acteur et scénariste de ses films, peintre, Alex Van Warmerdam s'est fait connaître en France grâce à la sortie conjointe en 1996 des Habitants (1992) et de la Robe (1996). Depuis, il avait presque disparu des radars internationaux. Avec Borgman, présenté en compétition à Cannes en mai, il signe son retour, et le meilleur film qu'on lui connaisse.
Borgman évoque vos premiers films, notamment les Habitants ?
En fait, je m'efforce à chaque fois de faire quelque chose de radicalement différent. Mais je passe mon temps à échouer ! Par exemple, j'ai essayé pour Borgman de retrancher toute trace d'humour. J'en ai coupé beaucoup au scénario, puis au montage, mais j'ai beaucoup de mal à ne pas mettre un peu de drôlerie ou de dérision, et cela finit toujours par s'infiltrer quelque part. Lorsque je fais mes films, je suis aussi libre qu'il est possible de l'être : c'est mon frère qui les produit, ma femme joue dedans et fait les costumes, j'écris tout moi-même. Personne n'est là pour me dire ce que je dois faire. J'ai donc d'abord conçu Borgman sans idée préalable, par association d'idées, presque en écriture automatique. J'étais guidé surtout par une tonalité, le désir de composer quelque chose de sombre, horrifique, méchant, pervers. A vrai dire, au départ j'envisageais ce projet comme un vrai film d'horreur, un film d'horreur diurne et estival, et puis je me