Phrasé d'apôtre et mots séditieux, indéchiffrables pouvoirs d'affolement des femmes alentour, allure labile de diable blafard et fantomatique, comme sorti des bois à pas de phasme pour semer un trouble très structuré dans l'ordre conformiste et policé des bienséants… Le clochard sylvestre Camiel Borgman pourrait presque paraître un lointain parent du João de Deus qu'incarnait le Portugais João César Monteiro dans Souvenirs de la maison jaune (1989). Sauf que l'on est aux Pays-Bas en 2013, et que, contrairement à son cousin nosferatien de Lisbonne, Borgman émerge non d'un caveau, mais du terrier d'où viennent le déloger prêtre et chasseurs en armes et col romain. Quant à la maison, il s'agit ici d'un bunker de verre et de béton à la porte de laquelle il vient frapper en importun, requérant le secours élémentaire, un bain.
Jardinier. Rossé violemment par un connard sanguin à col blanc soucieux de préserver son confort bourgeois, Borgman s'établit alors au fond du jardin, rameute ses sbires avec la complicité tourneboulée d'une maîtresse de maison au désir embué par son charme canaille, avant de s'insinuer peu à peu jusqu'au cœur du foyer de la famille parfaite. De là, grimé en jardinier, il procède à sa vengeance, avec une exactitude de Théorème. Des manières glaciales, strictes, coupantes, toutes en grincements cruels et en caresses vénéneuses, que fait également siennes le film auquel ce séduisant personnage donne son no