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Libération
REPORTAGE

Le temps des Yéniches

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Sur le tournage du second film de Jean-Charles Hue, avec sa troupe survoltée.
publié le 19 novembre 2013 à 18h06

Le jeune assistant planté, seul, au carrefour de la départementale sait que la nuit sera longue. Son activité principale, à part boire du café, consistera à faire barrage de son corps pour éviter que les voitures n'empruntent ce tronçon de route, quelque part entre Tours et Chinon (Indre-et-Loire), où se tourne le second film de Jean-Charles Hue. Dans la voiture qui passe devant l'assistant, le réalisateur évoque ce nouveau film qui, comme son premier, la BM du seigneur, sera immergé dans le quotidien ténébreux d'une famille yéniche, des gitans installés en Picardie. «Je voudrais que le film s'appelle Mange tes morts ! Ce qui, dans la culture des voyageurs, est la pire injure possible. Quand ces mots-là sont prononcés, ça se termine, au mieux, par une bagarre. Or, au sein de la communauté, pas mal de gens sont hostiles à ce titre. Ils craignent que cela donne une mauvaise image d'eux.»

Jean-Charles Hue, 45 ans, est un artiste plasticien, devenu cinéaste pour raconter cette singulière histoire d'amitié qui le lie avec les Dorkel, une famille yéniche avec laquelle il partage des ancêtres. «C'est un oncle un peu aventurier qui a découvert ces origines communes. Pour moi qui ai pas mal bourlingué aussi, ça a été comme un déclic. Je suis parti à leur recherche et, depuis, ils m'ont adopté comme un des leurs.»

Il y a trois ans, dans son premier film, Hue avait commencé un travail documentaire avant, en cours de tournage, de basculer pour une forme hybride,