Un train, à l’hiver 1944. L’un de ces convois ferroviaires déroutés par la guerre entre Kiev et Moscou au milieu de nulle part, dont les wagons à bestiaux déversent presque aléatoirement leurs passagers dans les gares provinciales où se bouscule toute la misère du moment. Parmi ceux-là, il y a un garçonnet de 8 ans et sa mère tombée, gravement malade au cours du voyage qui devait les ramener chez eux. Au premier arrêt venu, on fait porter l’agonisante à l’hôpital, sans grande considération pour l’enfant esseulé qui, dès lors, n’aura de cesse d’errer à sa recherche, quelques bagages plus gros que lui sur son dos.
Vibration. Ce deuxième long métrage réalisé par la cinéaste ukrainienne Eva Neymann est, tout comme le premier (Au bord de l'eau, inédit en France), adapté d'une nouvelle de l'écrivain et scénariste russe Friedrich Gorenstein - auteur notamment du script du Solaris de Tarkovski. Dans la Maison à la tourelle, celui-ci relatait cette histoire qui fut la sienne, glacial vagabondage de quasi-orphelin, abandonné à l'indifférence.
Eva Neymann drape son illustration de ce récit d'un formalisme marqué, à l'évidence, par l'héritage de Kira Mouratova (Parmi les pierres grises, le Syndrome asthénique), dont elle fut l'élève, et dont elle a notamment retenu un sens certain de la chorégraphie des corps et de la caméra dans les scènes de rue, de couloir d'hôpital ou de hall de gare. De ces vues saillent sans c