Ce ne sont pas des films qui risquent de surprendre grand monde tant la télévision, sur toutes les chaînes et en toute occasion, les a passés au laminoir de la redif. Pour autant, ces trois films consécutifs d’Henri Verneuil en Blu-ray, tous dialogués par Michel Audiard au sommet de sa forme, tous portés par Jean Gabin lui aussi à son apogée d’après-guerre, sont assez significatifs d’une époque du cinéma populaire français tandis que, dans le même temps, la Nouvelle Vague tente de faire valser la vieille garde.
Le Président, évocation d'un grand personnage politique de la IVe République qui possède à peu près toutes les caractéristiques de Georges Clémenceau, moustache incluse, vaut aussi pour la prodigieuse interprétation de Bernard Blier. Il est ici ancien chef de cabinet du président, condensé de veulerie et d'ambition, cherchant à regagner les faveurs de son mentor après l'avoir jadis trahi dans les grandes largeurs.
Plus intéressant, les deux films suivants, qu'on peut relier en un diptyque générationnel, sont des passations de pouvoir entre le vieux chef de file des acteurs du cinéma français, Gabin donc, et ses successeurs. Dans Un singe en hiver, c'est Jean-Paul Belmondo qui récupère le flambeau, héritier alcoolique du retraité qui, une dernière fois, fait sauter le couvercle du tonneau de pinard pour une folle nuit éthylique dans les rues désertes et glacées de Tigreville, patelin de Normandie. «Dans mes bras, t'es mes 20 ans», hu