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Cinéma

«The Immigrant»: la couleur Gray

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Le réalisateur de «Two Lovers» magnifie Marion Cotillard dans une reconstitution fellinienne des bas-fonds new-yorkais des années 20.
publié le 26 novembre 2013 à 21h56

Une vue de la statue de la Liberté de dos : ainsi s'ouvre The Immigrant, cinquième long métrage de l'Américain James Gray, très attendu depuis la sortie, voilà cinq ans, d'un de ses chefs-d'œuvre Two Lovers. Si l'angle est déroutant, le film ne l'est pas moins, et il faudra en atteindre le terme, signifié par une autre et magistrale vue de la baie de New York, pour comprendre à quel point ce premier plan annonce son programme, et ses ambitions.

Nous sommes en 1921. Une foule en haillons se presse aux portes des Etats-Unis, arrivant par bateau à Ellis Island. Dans le lot, deux orphelines, Ewa Cybulska (Marion Cotillard) et sa sœur Magda, qui ont fui la Pologne, où leurs parents ont été décapités sous leurs yeux, et sont venues retrouver un oncle et une tante installés à Brooklyn. Mais dès l’arrivée sur l’île, Magda, tuberculeuse, est envoyée en quarantaine, et la très catholique Ewa, soupçonnée à tort d’être une femme de mauvaise vie, menacée d’expulsion.

Dostoïevskien. C'est rapide, implacable (et non sans rappeler l'absurdité de nos administrations contemporaines). Un recours se présente, sous les traits d'un homme qui se dit membre d'une association caritative, Bruno Weiss (Joaquin Phoenix, onctueux de candeur fabriquée). Mais l'on découvre vite que cet homme bien mis, qui propose d'héberger Ewa chez lui, anime en vérité une revue burlesque dans un théâtre miteux du Lower East Side (superbe et fellinienne reconstitution