A Touch of Sin [Un soupçon de péché], le nouveau film du cinéaste chinois Jia Zhangke, a malheureusement de grandes chances d'être interdit en Chine. Cette œuvre qui décrit une Chine au bord de l'explosion sociale, a été jugée trop incendiaire par les censeurs: ils ont enjoint cette semaine les médias chinois, dans une directive émanant du Département de la propagande du Parti, à ne pas en souffler mot.
Cette censure médiatique est un très mauvais signe, et ce n'est pas le seul. Jia Zhangke, qui devait se rendre cette semaine à Taïwan pour y recevoir un prix et y montrer son film, a affirmé, mercredi sur son blog, qu'il avait annulé son voyage «pour des raisons personnelles». Mais selon une source proche du metteur en scène contactée par Libération, c'est bel et bien sur ordre des autorités chinoises qu'il a dû renoncer à son voyage. Il est probable que ce soit par prudence qu'il ait choisi de ne pas en dire trop sur son blog, lu par dix millions de fans. Interviewé par Libération en juillet à Pékin, Jia Zhangke se félicitait de constater que son film avait réussi à «passer la censure» chinoise, à l'issue de laborieuses palabres avec les bureaucrates chargés de cette tâche ingrate. «Je perds un temps fou à négocier avec la censure, mais j'y suis obligé parce qu'il est nécessaire