La Chine, qui pour les non-initiés a l'air calme et sereine, est-elle au contraire au bord de l'explosion sociale? La question est épineuse. Certes le pays est devenu l'un des plus inégalitaires au monde ; certes les facteurs de mécontentement se multiplient puisque les autorités recensent chaque année jusqu'à 90 000 «incidents de masse» (un euphémisme officiel désignant des mouvements sociaux impliquant plus de 100 participants). Et certes, aussi, la colère peut désormais se propager via Internet. Mais la police possède des moyens de censure, de surveillance et de dissuasion éprouvés.

Le pacte tacite passé entre le pouvoir et ses citoyens («gagnez de l'argent et taisez-vous») paraît malgré tout encore solide. L'actualité récente nourrit néanmoins abondamment ce que le cinéaste Jia Zhangke identifie comme «un phénomène nouveau : la révolte individuelle violente».

Explosifs. Début novembre, sept bombes ont explosé successivement, chacune à quelques minutes d'intervalle, devant et autour du siège du Parti communiste de la province du Shanxi, à Taiyuan. Au moins une personne a été tuée. Les engins explosifs, de taille relativement réduite et contenant des billes d'acier, avaient été posés par un pétitionnaire. Il aurait été arrêté, selon la police, qui n'a pas donné d'indication sur ses motivations. De nombreuses catégories de la population sont insatisfaites du gouvernement. Personnes expulsées de chez elles sans compensati