Toute personne qui a été à Bombay se souvient de la vision de nuées de dabbawallah, ces hommes à scooter qui livrent les déjeuners des quelques millions d'employés de la ville. Chaque matin, la nourriture est déposée par l'épouse (parfois par un restaurateur) dans des gamelles de métal, et ensuite acheminée vers le destinataire, dans une organisation redoutablement bien rodée. Et de ce fonctionnement qui garantit le respect des normes alimentaires (et donc, en Inde, religieuses et sociales) par des couches entières de la populations, il se dit que l'erreur est rarissime : 1 sur 16 millions. The Lunchbox, premier film de Ritesh Batra, suit les conséquences d'une bévue de ce type.
Ila est une femme au foyer dont le couple est en perdition. Elle décide de faire redémarrer son mariage en s'appliquant à cuisiner avec dévotion pour son époux. Manque de pot, la gamelle atterrit chez Sajaan, un employé de bureau au bord de la retraite, veuf, solitaire et chonchon. Il prend goût aux mets. Elle prend conscience de la méprise, mais continue à lui mitonner des plats. Et ils s'échangent des lettres, ici lues en voix off, qu'ils dissimulent entre les chapatis. Peu à peu, cette relation épistolaire s'approfondit, prend davantage de place dans les vies de ces deux individus paumés, elle n'ayant comme entourage qu'une voisine à qui elle parle par la fenêtre, et lui un collègue étrange.
L'intrigue conçue sur un détail accidentel, la solitude des personnages principaux