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Peter O’Toole, dernier mirage

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L’Irlandais, révélé dans «Lawrence d’Arabie», est mort samedi à 81 ans.
Une statue en cire de Peter O'Toole / Lawrence d'Arabie au musée de Madame Tussauds à Hollywood. (photo GABRIEL BOUYS. AFP)
publié le 15 décembre 2013 à 22h06

Peter Seamus O'Toole, qui est mort samedi à Londres à l'âge de 81 ans, restera malgré une filmographie pléthorique et disparate, l'acteur d'un seul grand rôle où il fut immense : Lawrence d'Arabie, réalisé en 1962 par David Lean. Il y incarne le fameux colonel et écrivain britannique Thomas Edward Lawrence qui, de 1916 à 1918, lors des révoltes arabes contre l'empire ottoman, servit d'agent de liaison puis de leader pour les tribus bédouines dispersées et souvent rivales. T.E. Lawrence passa à la postérité pour le récit romanesque qu'il fit de sa vie d'aventurier interlope dans les Sept Piliers de la sagesse. Marlon Brando fut un instant pressenti mais c'est le quasi-inconnu Peter O'Toole (à l'époque seulement trois films au compteur dont l'excellent les Dents du diable, de Nicholas Ray) qui décrocha finalement le rôle car de l'avis de David Lean, «il avait les yeux pour ça».

Quel regard en effet que celui de cet Irlandais né en 1932 dans le Connemara : des yeux d’un bleu plus que pénétrant. Reste qu’il va instiller au personnage de Lawrence, une densité et une ambiguïté qui vont bien au-delà de son physique de beau gosse en pleine acmé de virilité (il a alors 30 ans). Lean augmenta la part de grande hystérie qui habitait Lawrence et dans laquelle O’Toole se glissa avec une gourmandise visible. Le scène où, ivre de massacre et de sang, Lawrence triomphe sur le toit d’un train qui vient d’être attaqué par ses amis «terroristes», reste comme