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DVD

Bill Douglas le visage des damnés

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La trilogie de l'Ecossais, tournée entre 1972 et 1978 et centrée sur l'enfance, ressort en coffret.
«My Childhood», premier volet de la trilogie de Bill Douglas (1972). (Photo UFO Distribution)
publié le 17 décembre 2013 à 17h06

Les fulgurances au cinéma sont souvent liées à l'enfance. Le Kid de Chaplin, Allemagne année zéro de Rossellini, le Petit Fugitif de Ray Ashley et Morris Engel, les 400 Coups de Truffaut, Kes de Ken Loach. La trilogie de l'Ecossais Bill Douglas, tournée entre 1972 et 1978, relève de cette école buissonnière où l'enfance du héros est aussi un manifeste pour l'enfance de l'art. Lorsqu'il raconte en trois époques de plus en plus disertes (de 48 minutes à 1 h 12) la vie de Jamie, garçon de 8 ans au sortir de la guerre, puis adolescent dans la Grande-Bretagne des années 50, Bill Douglas puise dans sa biographie de gosse illégitime, né en 1935 dans un village minier des environs d'Edimbourg, élevé par sa grand-mère dans un coron poisseux. Chaque épisode, titré génériquement «My» (Childhood, Ain Folk, Way Home), reprend pas à pas certains fragments de cette intimité. Mais ces éclats brillent d'une autre lumière que celle du strict épanchement autobiographique, censément «misérable» puisque l'enfance de Bill Douglas fut malheureuse. C'est sa vie, mais elle vaut pour les nôtres.

Rage. Dans un des bonus accompagnant cette édition en DVD, Douglas définit ainsi son projet : «C'est le journal de celui qui n'est personne.» Telle une nouvelle exportée de Musil, Jamie est un enfant sans qualité. Dont certains dérangements, sociaux autant qu'affectifs, sont branchés sur des perturbations de l'