Menu
Libération
DVD

Robbe-Grillet au-delà du réal

Article réservé aux abonnés
Les «récits cinématographiques» de l'auteur sont réunis dans un coffret qui permet d'apprécier l'imaginaire d'un écrivain accompli.
«L'homme qui ment» d'Alain Robbe-Grillet (1968). (Photo Carlotta)
publié le 17 décembre 2013 à 17h06

La liberté dont nous jouissions dans les années disco, généreuse et extravagante, est à l'œuvre dans le cinéma d'Alain Robbe-Grillet (1922-2008), lequel ne se refuse rien en réalisant des films qui n'ont ni queue ni tête, en apparence. Du premier, l'Immortelle (1963), qu'il n'aimait pas trop, au dernier, C'est Gradiva qui vous appelle (2006), tout n'est qu'une représentation d'un réel fantasmatique, entre la farce de la bande dessinée et la politesse éloquente du polar à l'ancienne. Constante : des dialogues éblouissants, un montage impeccable (signé Bob Wade), peu de musique et des interprètes affectueusement observés. Il y a, dans l'œil de Robbe-Grillet, une volupté enchaînée au sexe féminin, doublée d'un vif plaisir à s'approcher des mâles, comme s'il cherchait son double. Ainsi du plus romantique de ses acteurs, Jean-Louis Trintignant, endimanché d'une fausse moustache qu'il enlève et prête à l'héroïne, Anicée Alvina, pour la protéger des maniaques (le Jeu avec le feu, 1975).

Eden. Regarder ses «récits cinématographiques» dans l'ordre chronologique permet d'apprécier l'imaginaire d'un écrivain accompli, curieux de mettre en scène son propre éden en laissant sa solitude au vestiaire (ce qui lui pèse, dira-t-il). Il y a beaucoup d'énigmes - de dogmes, selon les opposants au pape du Nouveau Roman -, qui pimentent chaque scénario jusqu'à provoquer parfois un peu d'ennui. Ou du dépit, le plus souvent, face à cet