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Cinéma

«Suzanne», flamme libérée

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La jeune réalisatrice Katell Quillévéré signe un superbe portrait de femme citant abondamment Pialat, avec dans le rôle-titre une incandescente Sara Forestier.
Sara Forestier dans «Suzanne», que du Bonnaire. (Photo DR)
publié le 17 décembre 2013 à 17h06

Elle s'appelle Suzanne. Elle est le personnage majeur du deuxième film de Katell Quillévéré après Un poison violent. Mais elle pourrait s'appeler Sandrine et être la Suzanne du A nos amours de Pialat, qui révéla Bonnaire. C'est assez culotté et casse-cou de pratiquer à ce point la citation. D'autant que, stupeur de l'osmose, l'actrice Sara Forestier, qui incarne Suzanne, est, trente ans après, plus Bonnaire que Bonnaire. Au physique, surtout quand elle sourit, comme au moral, lorsque cette fille peu commode se claquemure dans des décisions aussi radicales qu'irréfléchies. Cet hommage explicite est peut-être la meilleure façon de se dépoisser du maître. Tandis qu'une forte majorité de jeunes cinéastes français rament dans le «à la manière de…» tout en poussant des cris outragés si on suggère qu'on préfère le Pialat brut à ses pastiches sous vide, Katell Quillévéré (née en 1980) fonce dans la transparence de son admiration. Une sorte de slogan «A nos amours !» planté comme un poteau indicateur à l'entrée du film. Une manière de toast aussi, comme lorsque l'on trinque à la santé d'un cher disparu.

Ellipse. Ceci étant dit, le film peut commencer. Et tout de suite s'évader dans des régions de cinéma qui n'appartiennent qu'à lui. Voilà une volière de gamines qui s'affairent aux costumes pailletés et surtout aux tables de maquillage dans les coulisses d'une matinée enfantine. Dans la salle du spectacle, les familles vont s'émou