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CRITIQUE

«Museum Hours»: Jem Cohen, que son heure vienne

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Une fiction réalisée par le portraitiste.
(Photo DR)
publié le 18 décembre 2013 à 18h26

Voilà trente ans que Jem Cohen compose des films courts et longs, infusés des manières do it yourself du punk aussi bien que des écrits de Walter Benjamin, sur un fil tendu tantôt entre cinéma direct et fiction, clip et essai documentaire, portrait et poème filmé, farouchement à la lisière de tout. Ainsi s’édifie son œuvre labile, dispersée, souvent traversée par la clique chic d’artistes, le plus souvent des musiciens, avec qui il fraie caméra au poing. Il aura ainsi portraituré Patti Smith et Eliott Smith, habillé d’images R.E.M. et Terry Riley, ou encore accompagné l’œuvre du baladin paraplégique Vic Chesnutt, dont il fut très proche.

Museum Hours, le premier de ses films sorti en salles, hier, apparaît, en dépit d'un récit très dilué, celui qui s'apparente le plus à une fiction traditionnelle. Il reconstitue Vienne dans le sillon d'une conversation, à la naissance d'une camaraderie entre une Canadienne venue veiller sa cousine comateuse et le serviable gardien de musée de la Kunsthistorisches qui, sous l'œil de Bruegel, va lui offrir son aide. Eclats de visites guidées où s'interroge ce que chaque œuvre dit de celui qui la regarde, détails des tableaux, vues embrumées des rues de la capitale autrichienne, l'étoffe morcelée du film s'organise ainsi autour de leurs échanges, dans une circulation gracieuse qui résiste au sens, chargée seulement de la vibration engourdie de la ville et des qualités de son climat.

Le film égare certes parfois un peu ses enjeux dans la