En 2013, la famille cinéma français s’est jeté tout le vaisselier à la figure en poussant des hurlements. Tout le monde s’est écharpé sur la question de l’adhésion ou non à la convention collective. Qui est «riche» ou «pauvre», de «gauche» ou de «droite», «vendu au système» ou «libre dans sa tête», les débats houleux révélaient partout des lignes de fractures nouvelles, des incompréhensions, des haines de classes, des rancœurs interprofessionnelles se sont exprimées. Un désordre indescriptible qui, en 2014, ne devrait pas se calmer.
Dès aujourd'hui, René Bonnell y va de sa petite contribution au bain à remous et remet son rapport intitulé «Le financement de la production et de la distribution cinématographiques à l'heure du numérique». Personne n'est censé l'avoir lu, surtout pas les nombreuses personnalités ayant été auditionnées. En annexe du rapport Bonnell, un autre rapport dit «Ferran» - même si la cinéaste Pascale Ferran réfute cette appellation nominative pour ce qui est le résultat d'un travail de groupe à 19 intervenants, producteurs, réalisateurs, techniciens - est attaché. Entre les deux rapports, il semble qu'il y ait de fortes incompatibilités de points de vue et un des membres auditionnés raconte que les divergences entre les individus étaient si spectaculaires qu'à un moment donné Bonnell, renonçant à trouver un consensus, s'est enfermé tout seul pour écrire ses propositions à titre personnel. On nous assure que ce ne sera pas mou et qu'il y aura de vifs débats