L'homme qui descend du moto-taxi est une pile électrique, survolté après la matinée qu'il vient de vivre. Alex de la Iglesia (né à Bilbao, en 1965) a donné une conférence à la Sorbonne, parlant notamment du Jour de la bête (1996), inscrit au programme de l'agrégation d'espagnol. «Une grande fierté pour moi», confie-t-il en nous montrant sur son smartphone, en première mondiale, son dernier film : un panoramique des étudiants qui l'acclament, debout dans l'amphi. Tenant d'un cinéma grand public à audience internationale, Alex de la Iglesia parvient à combiner le spectaculaire et les obsessions personnelles : la guerre d'Espagne dans Balada Triste ou l'information spectacle et ses dérapages dans Un jour de chance. Son dernier-né nous mène au cœur de la mythologie basque.
D’où vient votre intérêt pour les légendes basques ?
Dans mon enfance, ma mère ou mes grands-parents racontaient des histoires du Malin ou du bouc démoniaque. Quand j'ai étudié la philosophie à l'Université de Deusto [à Bilbao, ndlr], je me suis passionné pour l'anthropologie culturelle basque, avec Joxemiel Barandiarán ou Julio Caro Baroja comme lectures obligatoires.
En quoi consiste cette mythologie ?
Euskadi [le Pays basque] se caractérise par une langue, mais aussi par un ensemble de légendes, de divinités et de héros, en fait une religion pré-indo-européenne. Non pas une religion patriarcale, avec un dieu unique et masculin, mais un culte de la terre, personnifiée par Mari, une divinité féminine. La grotte qui nous relie à la terre