Comme un peu partout, il existe dans le cinéma américain une catégorie de réalisateurs dont le talent consiste à mettre en musique aussi sobrement que possible les prestations mémorables d'acteurs célèbres. C'est, pour l'instant, le registre du jeune Scott Cooper, lui-même acteur reconverti dans la mise en scène et signataire en 2009 de l'agaçant Crazy Heart, guimauve tiédasse sur la rédemption d'un vieux chanteur de country qui, à l'automne de sa vie, venait mendier l'affection de sa fille dont il ne s'est jamais occupé.
La chose, larmoyante jusqu'à l'overdose, avait valu un oscar à Jeff Bridges, très à son aise dans le rôle du vieux satrape rattrapé par le spectre de la solitude. Cet effacement du metteur en scène, tout à la gloire du comédien, a sans doute pesé dans le choix des producteurs de ces Brasiers de la colère, projet réunissant un casting de fort tonnage, essentiellement masculin (à l'exception de Zoe Saldana qui joue les utilités) et lourdement testostéroné qui constitue l'unique mais solide argument du film.
Irak. L'affaire débute en 2008, lorsque le candidat Obama incarne encore l'espoir sincère d'une nation patraque. Nous sommes à Braddock, sinistre patelin de Pennsylvanie où l'industrie de l'acier agonise à petit feu. Deux frères y survivent, l'un (Christian Bale) comme honnête ouvrier à l'usine, l'autre (Casey Affleck), vétéran revenu déglingué d'Irak, comme boxeur à mains nues dans des combats organisé