En un peu plus d'un an, le cinéma américain aura donc produit trois films de grande envergure consacrés à ce pan d'histoire toujours incandescent qu'est la monstruosité de l'esclavage : Django Unchained de Quentin Tarantino, Lincoln de Steven Spielberg et, enfin, 12 Years a Slave de Steve McQueen. Un curieux triptyque, hétérogène et discordant, mais dont la proximité tient davantage du symptôme que de la coïncidence, comme pour souligner que la question est loin d'être réglée dans le pays dont Barack Obama est le président depuis cinq ans.
Cible. Cette lacune mémorielle relève, du moins dans la représentation populaire qui en a été faite, de l'évidence. Depuis près d'un siècle, en gros depuis le révisionniste Naissance d'une nation de David Wark Griffith, et même en comptant le très aimable Autant en emporte le vent et l'Esclave libre de Raoul Walsh, le cinéma s'obstine à regarder ailleurs, vouant à l'oubli, voire au déni, cette honte nationale, contrairement au génocide indien, l'autre péché originel de l'Amérique.
La liste est longue des événements et des personnalités dont l'industrie s'est toujours pudiquement détournée, depuis les grandes révoltes d'esclaves en Virginie ou en Louisiane (Nat Turner, Charles Deslond