Dans Jacky au royaume des filles, il y a Anémone, vieille, géniale. Elle joue une sorte de Pinochet féminin qui flingue dans tous les coins, provoquant la suspension de la satire par le grotesque, le boiteux, l'éhonté. Et puis Charlotte Gainsbourg en colonelle lesbienne, limite frigide, entourée de garçons qui font des rêves de princesse. L'une est la mère, l'autre la fille, elles se ressemblent.
Faille et détournement sont les deux mamelles du rire de ce second film de Riad Sattouf, après les Beaux Gosses, alors que le simple renversement des rôles (on connaît le pitch : dans une dictature imaginaire, filmée en Géorgie, les mecs sont voilés et les femmes militaires) eût été lassant, voire lourd. Là, au contraire, c'est «Ubu et la théorie du genre», tout le monde passe à la trappe, avec «enfoncement du petit bout de bois dans les oneilles», la perversité polymorphe de Sattouf nous fait le retrouver partout où on ne l'attend pas, moyennant plusieurs saltos arrière de l'intrigue.
Donc, une dictature où les hommes sont soumis et où les femmes les engueulent, les battent, les violent impunément, tout comme nos hommes font à nos femmes. Pour cela, il faut un héros dolent, capable de prendre peu à à peu conscience de son humanité (le film finit bien, certains y ont vu une métaphore des révolutions arabes). Vincent Lacoste, 20 ans, fétiche flexible des