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Dino sort de sa boîte

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L’autobiographie du maître de la comédie italienne Dino Risi, décédé en 2008, est enfin traduite en français.
Le cinéaste Dino Risi en mai 1975, lors du Festival de Cannes. (Photo AFP)
publié le 4 février 2014 à 17h06

A l’âge de 6 ans, à Milan, dans les guibolles noires de Benito, un petit-fils de garibaldien nommé Dino Risi joue du violon et dit à son maître en pleine classe :

«Je suis libre penseur.»

«C’est vrai que tu es libre penseur ?»

demande une gamine.

«Pour toute réponse, je l’empoignai et l’embrassai. Elle le raconta à son père, capitaine de la milice, et le directeur me renvoya pour quinze jours.»

Qu’importe : Dino aime les filles, mais déteste l’école. Jusqu’à cet âge, écrit-il dans

Mes Monstres,

«nos fils sont à nous, tant que leurs yeux s’ouvrent sur le monde et que tout ce qu’ils voient leur apparaît pour la première fois. […] Puis, l’école vient s’emparer d’eux et les bombarde de lieux communs, de phrases toutes faites, d’opinions qu’ils n’ont pas choisies. Quiconque se sort indemne des premières années d’école a de bonnes chances de s’en tirer dans la vie».

Heureusement pour nous, ce fut son cas.

C’est à titre posthume, comme un diable sortant de la boîte à cadavres pour faire rire une dernière fois les lecteurs, ces survivants, que paraissent en France les mémoires du maître de la comédie italienne : un plaisir rare, où la délicatesse s’exprime par la brièveté (des textes) et l’excès (de leur contenu).

Le metteur en scène est mort en 2008, à 91 ans. Le titre est naturellement une allusion à son célèbre film à sketchs, les Monstres (1963), dont il reproduit la structure et l'esprit : souvenirs éclatés, par scènes allant d'un pa