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Interview

Caroline Champetier : «Je me sens très interprète de l’image»

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Cette grande directrice de la photo a travaillé avec Godard, Carax et Beauvois. Rencontre à l’heure d’un hommage à la Cinémathèque.
Caroline Champetier, vendredi à Paris. (Photo Samuel Kirszenbaum)
publié le 4 février 2014 à 17h46

Soldats d’une armée des ombres. La métaphore nous tend ses petits bras dès lors qu’il s’agit de parler de celles et ceux dont on ne parle presque jamais : les techniciens du cinéma et singulièrement ceux dont la tâche cruciale est d’œuvrer pour que la lumière soit. On les nomme généralement les chefs opérateurs. Caroline Champetier, 59 ans, prestigieuse éclaireuse et cadreuse du cinéma français (Jean-Luc Godard, Xavier Beauvois, Leos Carax…), préfère la dénomination de directrice de la photo.

Qui nous avait prévenus contre l’humeur ombrageuse de la personne ? Quelqu’un qui ne connaissait pas ou mal Caroline Champetier, une femme de caractère, volubile, drôle, passionnée. Dialogues chez elle, jeudi matin, autour de quelques films, à l’occasion d’un hommage à la Cinémathèque française, rétrospective de trente ans de cinéma (1).

Préliminaires

«La préparation, c’est vraiment quelque chose à laquelle on n’accorde pas assez de place en France. Plus on prépare un film, plus quelque chose se révèle de l’intuition du metteur en scène. Sinon tourner un film est comparable à un atterrissage : après plusieurs mois ou années à rêver dans son coin, paf ! On se retrouve avec des décors, des acteurs, une météorologie, un timing de folie.

«Par exemple, pour la Sentinelle d'Arnaud Desplechin (1992), j'ai tout de suite vu qu'il n'y avait pas un seul film mais une profusion. Au moins quatre niveaux de cinéma : le film riche, le film médical, le film policier, le film d'amour. On a varié les logistiques