A 64 ans, Serge Toubiana a derrière lui une carrière entièrement dévouée au cinéma. Le voilà président de l'avance sur recettes - attribuées aux films par le CNC sur lecture des scénarios - après avoir dirigé, avec Serge Daney, puis seul, les Cahiers du cinéma. Depuis onze ans à la tête de la Cinémathèque, qu'il conserve malgré sa nouvelle nomination, ce passionné peut se vanter d'être à sa place («j'ai vu des centaines de milliers de films»). Il observe, en professionnel, les tourments à l'œuvre dans un milieu où les modes de production et de création du cinéma vivent un renouvellement sans précédent. Mais il garde la tête froide.
L’année 2014 inquiète les professionnels du cinéma avec la mise en place de la convention collective, l’arrivée de grands opérateurs du Net, le financement des films d’initiative française de plus en plus nombreux… Quelle est la place de l’avance sur recettes ?
Quand la présidente du Centre national du cinéma (CNC), Frédérique Bredin, m'a appelé pour présider l'avance sur recettes, j'ai hésité. J'ai beaucoup de travail, mais on ne peut pas refuser une telle proposition. En arrivant, j'ai mesuré la violence du choc de revenir au cinéma contemporain. J'ai quitté les Cahiers du cinéma en 2000 et, depuis, j'ai été accaparé par la Cinémathèque. Maintenant, je lis des tas de scénarios et m'informe de qui a fait quoi. Le milieu du cinéma français a beaucoup changé. Je ne parle pas seulement de la nouvelle génération de producteurs(trices), distributeurs(trices), réalisateurs(trices). Je découvre un nouveau maillage des salles et, surtout, de la production elle-même : 270 films par an, il faut les faire. Bref, l'argent ne manque pas.
Bonne ou mauvaise nouvelle ?
Pour moi, c’est un des problèmes du cinéma français :