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Warren Beatty à la folie

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Le jeu trouble et troublant du sex-symbol américain, paranoïaque dans «Mickey One» et infirmier psy dans «Lilith».
Warren Beatty et Jean Seberg dans «Lilith» (1964), de David Rossen. (Photo Columbia Pictures. Photofest)
publié le 14 février 2014 à 19h56

Deux Warren de toute Beatty dans deux films de la même époque (1964-1965). Primo,

Mickey One,

troisième film d’Arthur Penn. Eclairé par un noir et blanc de polar idoine, un stupéfiant portrait de la paranoïa, incarnée par Mickey One, amuseur de bastringue dont on croit qu’il est traqué par la mafia, rapport à une importante dette de jeu. Sauf que… Pas vraiment ou pas du tout ? Le récit ne tranche pas mais laisse soupçonner le

pire : de Detroit à Chicago, la lente descente aux enfers d’une folie de plus en plus alcoolisée.

Pour illustrer cette vision, comme greffé dans le regard louche de Beatty, Arthur Penn multiplie les cadrages importés de l'expressionnisme européen, augmentés d'une part documentaire (docks, grues, ouvriers, destructions urbaines) qui cite le néoréalisme italien, voire la fine fleure du ciné soviétique (Dovjenko période Arsenal).

Par ailleurs, et ça n’est pas rien, l’exaltation physique de Beatty reste dans une zone d’incertitude troublante : tantôt sexy à hurler, parfois répugnant de veulerie (trop de bouche, trop d’œil humide).

Le second volet du dossier Warren est sans doute le meilleur film de Robert Rossen, Lilith. Le réalisateur américain, auteur de l'Arnaqueur avec Paul Newman, tournait là son dernier film auquel il est difficile de ne pas donner un statut testamentaire. Malade, alcoolique et dépressif (Rossen subissait alors les foudres de ceux qu'il avait dénoncés lors des purges maccarthystes), le cinéaste donne libr