La prétendue «crise» est un euphémisme vendu par ceux qui n’ont rien perdu ces dernières années, pour adoucir le choc, sinon inadmissible, du nouvel ordre socio-économique. Entre autres victimes, la culture du geste artisanal, authentique et libre (aussi ancienne que la civilisation) est parmi les plus endommagées. Par miracle, il reste un petit village - plutôt gaulois, mais pas seulement - qui résiste : la tribu des vignerons «naturels». En dix ans, des agriculteurs libres ont transformé la conception du vin ainsi que le marché du vin, surtout en France et en Italie, mais ailleurs aussi.
Face à une culture dominante de marketing et d'uniformisation - à l'échelle industrielle certes, mais également chez des faux artisans -, des milliers de paysans et de paysans convertis ont déclaré d'abord leur liberté de pouvoir se rattacher à l'histoire artisanale d'un lieu. Ensuite, avec leurs vins libres, à la fois d'avant-garde et traditionnels, ils ont réussi à se faire une petite place (croissante) sur le marché mondial, suivi surtout par des jeunes, plus lucides que ceux de ma génération sur les escroqueries commerciales. Les vignerons naturels sont aussi hétéroclites que possible, unis dans le refus des règles dictées par le marché (ou par eux-mêmes !) et unis dans le respect absolu de la santé des sols, des hommes et des bêtes, les uns dépendant toujours des autres !
Est-ce que mes collègues cinéastes s'inspireront de cette résistance ? Au moment où je pensais que la répon