C’est un film qui arrive à propos, dix jours à peine après le vote des Suisses pour rétablir les quotas d’immigration, y compris vis-à-vis des frontaliers allemands, italiens ou français. Seul contre tous ou presque, l’Union démocratique du centre (UDC), très mal nommée formation populiste de droite extrême, a imposé ce référendum et l’a gagné. Raconter Christophe Blocher, milliardaire suisse, entrepreneur et démagogue, qui a créé un parti devenu la première force politique du pays, c’est aussi raconter la montée du national-populisme partout en Europe. Si les formes varient selon les pays, nombre de thématiques sont les mêmes et, à cet égard, le fondateur de l’UDC fut un précurseur. Dès ses débuts en politique quand, il y a vingt ans, il réussit, seul contre les autres partis, le monde des affaires, les syndicats, à empêcher l’adhésion de la Suisse à l’espace économique européen.
Christophe Blocher n'est pas Jean-Marie Le Pen, avec des racines politiques dans l'extrême droite fasciste. Mais clairement xénophobe et utilisant les thèmes de l'immigration pour cristalliser les peurs des électeurs, il est devenu un modèle pour tous les partis similaires du Vieux Continent. Il joue à la fois sur le conservatisme anti-européen et sur la dénonciation du système pour capter le vote protestataire. D'où le défi que représente un tel film. «Comment faire le portrait d'un homme dont on ne partage ni les idées, ni les méthodes, ni les convictions», s'interroge le réalisateur Jean