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Cinéma

Il était une fois dans Wes

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Avec «The Grand Budapest Hotel», étincelante fantaisie Mitteleuropa, Wes Anderson exagère encore la folie maniaque de son univers.
(Photo DR)
publié le 25 février 2014 à 17h06

Wes Anderson n'est pas du genre à se répandre sur sa propre biographie. On sait qu'il est né à Houston (Texas) en 1969 ; que sa mère a fait de l'archéologie avant de se reconvertir dans l'immobilier et que son père a longtemps travaillé dans une agence de publicité, tout en menant une activité d'écrivain. Ses parents ont divorcé quand il avait 8 ans. Ce père, il renâcle tout particulièrement à l'évoquer en interview et pourtant, sans faire de psy au rabais, il n'aura échappé à personne à quel point la relation de transmission entre un jeune, souvent surdoué, naïf et effronté, et un mentor narquois et vite dépassé par la situation est une des structures narratives récurrentes du cinéma d'Anderson : dès Rushmore (1998) avec le duo Jason Schwartzman (18 ans) et Bill Murray (48 ans), mais aussi avec les relations père-fils compliquées dans la Famille Tenenbaum (2001), la Vie aquatique (2004) et Fantastic Mr. Fox (2010).

Il y a toujours un individu farouchement cramponné depuis des lustres à ses manies, son savoir, ses excentricités et qui doit soudain les réévaluer face à un gamin fasciné et néanmoins frondeur et iconoclaste. Le schéma de transmission de l'expérience du plus âgé vers le plus jeune s'inverse ou s'équilibre généralement au cours du récit. C'est à nouveau le cas dans The Grand Budapest Hotel, qui narre les aventures du concierge-star Gustave H. (formidable Ralph Fiennes), figure centrale d'un palace alpin de la république