A44 ans et après 8 longs métrages, Wes Anderson fait figure, parmi les auteurs américains de sa génération, d'aberration heureuse. Tandis que tant d'autres voient ambitions et anomalies de leurs projets s'effilocher dans d'interminables négociations avec les logiques de studio, lui s'ébroue désormais dans la liberté de création que lui procure l'économie parallèle dont jouissent ses films. Un modèle de financement fondé, semble-t-il, essentiellement sur l'apport de mécènes ravis de patronner et s'offrir ainsi la brillance dandy de ses effets de signature et les signes extérieurs de son style. De ce souci aussi aigu que profitable d'extrême distinction, il a décrit la fabrique à Libération, lors d'un entretien dans le VIe arrondissement de Paris, où il vit en alternance avec New York, et y donne ses rendez-vous… rue du Regard - comme par la malice d'une nécessité supérieure de constante mise en scène.
Monsieur Gustave
«Il m'est arrivé, comme pour Moonrise Kingdom, d'avoir vraiment passé un an à retourner le script dans tous les sens sans parvenir à lui faire prendre forme et de ressentir vraiment le besoin d'avoir un interlocuteur pour m'épauler et me débloquer. Dans le cas de The Grand Budapest Hotel [lire ci-contre, ndlr], j'ai imaginé avec mon ami Hugo Guinness l'histoire du film, au sujet de laquelle nous échangions depuis des années, et je me suis