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Libération
CRITIQUE

«La femme du ferrailleur»: minorité éthique en Bosnie

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Drame social de l’après-guerre par le réalisateur de «No Man’s Land».
Nazif Mujic et Senada Alimanovic. (Photo Drei-Freunde)
publié le 25 février 2014 à 17h06

Jamais Danis Tanovic n'est aussi bon que dans le minimalisme, à la limite du documentaire, quand il va à l'essentiel se centrant sur quelques personnages comme dans No Man's Land (2001), salué par un oscar et prix du meilleur scénario à Cannes, qui reste le plus grand film sur la guerre en Bosnie au travers de l'histoire de deux soldats ennemis coincés dans la même tranchée.

C'est dans la même veine, avec le même sens de l'épure, que s'inscrit la Femme du ferrailleur, drame social d'une famille rom dans la Bosnie misérable des après-guerres qui n'en finissent plus. Un fait divers, lu dans un journal local, racontant la quête désespérée de Nazif pour réussir à faire opérer sa femme, Senada, menacée de septicémie, a inspiré le scénario. Et de le faire interpréter par les véritables héros de l'histoire, avec leurs deux fillettes, les cousins, les voisins… D'où l'impact des images tournées en neuf jours avec une petite caméra à l'épaule. «C'était un retour à mes racines», résume Danis Tanovic qui, pendant le siège de Sarajevo, fut deux ans documentariste en première ligne.

Ses images ont alimenté films et reportages télévisés sur la guerre en Bosnie. Cette expérience lui a servi pour ce long métrage étonnant et dérangeant, à l'implacable progression dramatique, qui évoque les meilleurs moments du néoréalisme, le pathos en moins. Danis Tanovic, qu