Couvert d’honneurs lors d’une longue ronde festivalière, puis couronné de succès au Brésil, missionné aux oscars et désigné par le chanteur Caetano Veloso comme l’un des meilleurs films de l’histoire de la cinématographie locale, le premier long métrage réalisé par l’ex-critique Kleber Mendonça Filho aura tardé à atteindre les écrans français.
Il y a donc longtemps déjà que l'on se demandait, chaque fois que nous en parvenait l'écho, ce que pouvait valoir une telle unanimité. Et voilà le temps enfin venu de se joindre à l'admiration que suscitent largement ces Bruits de Recife, à la fois révélation d'un cinéaste cinéphile, dont le regard porté sur sa quotidienneté lointaine nous paraît porteur d'un trouble étrangement familier, et plus séduisant émissaire issu du cinéma de son pays depuis une éternité. De ce cinéma, justement, Mendonça Filho s'ingénie ici à contourner tous les sempiternels tropes touristiques (loqueteux, plagistes ou carnavalesques) pour ainsi semer les germes de sa fiction à l'écart des paysages luxuriants et des favelas.
Anxiogène. Les Bruits de Recife s'ouvre sur une succession de visions fragmentées, délimitations d'un territoire qui se trouve être tout à la fois le quartier embourgeoisé où résident le cinéaste lui-même et l'un des sujets du film. On découvrira ainsi d'abord les énigmatiques photographies figées dans le noir et blanc d'une ancienne plantation coloniale, puis quelques sèches bribes de