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La force d’une troupe

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Fidèle, le cinéaste aimait les longues collaborations avec les acteurs et les techniciens.
Alain Resnais, André Dussolier, Claude Rich, Sabine Azéma, Jean-Pierre Bacri and Agnes Jaoui (de g. à d.) arrivent à Cannes en 2002. (AFP)
publié le 2 mars 2014 à 21h26

Alain Resnais a toujours eu pour le théâtre une admiration sans bornes. Adolescent, ce fervent habitué des salles parisiennes des années 30 considérait le théâtre comme bien supérieur au cinéma. Au point d’avoir éprouvé pour des cinéastes comme Mankiewicz ou Lubitsch une sorte de ravissement au spectacle de leurs films mis en place comme des pièces de théâtre.

Cette affection pour la scène et sa mythologie ne s'est jamais démentie chez Alain Resnais, qui a souvent cherché, et parfois réussi, à constituer une troupe avec qui travailler. L'exemple le plus flagrant est bien entendu le groupe de comédiens qui le suivent depuis près de trente ans, jusqu'à son dernier film, Aimer, boire et chanter. Parmi les piliers, André Dussollier, Pierre Arditi, Fanny Ardant, Lambert Wilson ou, bien entendu, Sabine Azéma, dont il partageait la vie depuis la fin des années 80 et qu'il avait épousée en 1998.

Fantaisie. Lors de leurs innombrables apparitions en public, dans les festivals ou les avant-premières, ils prenaient une sorte de plaisir complice à se vouvoyer, comme un rappel discret d'une plaisanterie intime dont ils étaient les seuls à partager toute la saveur. Que lui, dont le choix des comédiennes, dans sa première partie de carrière, semblait dicté par leur dimension de tragédienne - Emmanuelle Riva, Delphine Seyrig, Olga George-Picot, Elle Burstyn, Fanny Ardant, actrice «resnaisienne» par excellence -, ait donc partagé pendant plus de vi