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Libération
CRITIQUE

«Youth» : poêle à frères

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Thriller israélien à l’imprévisibilité oppressante.
Good clope et bad clope. (Photo Ad Vitam)
publié le 4 mars 2014 à 17h26

Certains films possèdent cette faculté rare à égarer le spectateur dans des territoires qu’il pense connaître comme le fond de sa poche et dont il découvre, avec autant d’excitation que d’appréhension, des passages souterrains qu’il ne soupçonnait pas.

C'est le cas de Youth dont tous les codes semblent empruntés à plusieurs générations de thrillers aux moyens modestes (pour aller vite, indépendants des grosses machines du genre), et dont la spécialité est le déroutant petit pas de côté. Il faut prendre le parti de ne rien dévoiler de la trame narrative tant l'oppression que provoque le film repose sur, justement, son caractère imprévisible. Tout juste peut-on dire que l'intrigue se concentre sur une poignée de personnages, les principaux étant deux jeunes frères jumeaux pas gracieux pour un sou.

Antihéros. L'un est soldat en permission, l'autre enchaîne les petits boulots pour participer à la tentative de sauvetage de ses parents, archétype d'une classe moyenne en perdition. Les deux génies n'ont rien trouvé de mieux que de renflouer les caisses vides par le truchement du kidnapping d'une adolescente fortunée qu'ils dissimulent dans l'abri souterrain de leur immeuble.

Premier pas de côté du film, l’invention de cette figure d’antihéros jumeaux, anomalie visuelle et narrative, qui s’apparente à mettre en scène deux Mr. Hyde, chacun des frères portant secrètement en lui une petite part de Dr. Jekyll. Sans s’embarrasser ni en rajouter