On mesure mal, souvent, ce que l'expression «cinéma asiatique» recouvre : où placer exactement les limites de cette Asie. Commence-t-elle à Istanbul ? A Vladivostok ? La difficulté d'un festival comme celui du film asiatique de Deauville, qui a clos hier sa 16e édition, a longtemps consisté à définir les contours de son magistère en prenant le parti de les tracer le plus amplement possible. Iran et Japon, Kazakhstan et Corée, l'Orient dit extrême et l'Asie de l'intérieur sont ici accueillis au nom d'une cinéphilie plus sentimentale que géopolitique. Cela donne aussi une idée du caractère impossible de la mission que se fixent les manifestations de ce genre : l'immensité et la diversité de l'Asie ne pourront jamais se glisser dans l'entonnoir d'un festival.
Mœurs. C'est aussi pourquoi, après avoir élargi son compas, le festival du Film asiatique semble entré dans une phase d'approfondissement. Sa compétition relativement réduite (huit films) et ses sélections annexes resserrées (entre les hommages et les séances hors compétition, une vingtaine de films) exprimaient cette année cette tendance qui mélange goût de l'aventure et concentration.
Exemple avec l'un des films les plus dépaysants de la semaine :The Wasps Are ComingLes abeilles arrivent, œuvre sri-lankaise et vintage, millésime 1978, présentée dans le cadre d'un hommage bien vu à l'actrice Malani Fonseka. D'un noir et blanc laiteux, le film nous immerge dans une co