L’art vaut-il la vie d’un homme ? La question que pose le nouveau film de George Clooney est le formidable sujet auquel le réalisateur, bien mal épaulé par un scénario arthritique, a échoué à donner la moindre saveur. S’inspirant de l’épopée authentique d’une bande d’historiens de l’art précipités sur le front européen pendant la guerre pour sauver des œuvres dérobées par les nazis, le film s’embourbe, dès sa mise en place, dans des conventions d’un autre âge.
Parmi les facilités qui entraînent ces Monuments Men sur les hauts-fonds de l'ennui, le plus agaçant reste la construction d'un scénario qui offre à chaque comédien, l'un après l'autre, son grand moment de cabotinage. Des gens parfaitement estimables comme John Goodman, Bill Murray ou Matt Damon y apparaissent du coup comme la caricature de ce qu'ils sont censés représenter. A ce propos, Jean Dujardin est ici si français qu'on est surpris de ne pas le voir se mettre à cuisiner des escargots persillés. C'est la limite de ces films de bande de copains dont Clooney est si friand, que ce soit sous sa direction ou celle de son vieux complice Steven Soderbergh.
Quant à la seule femme de l'équipe, Cate Blanchett, dont il ne viendrait à l'idée de personne de mettre en doute les qualités de comédienne, elle campe avec une légère indolence une fonctionnaire française - ce qui l'oblige à fumer à chaque plan. Son personnage est calqué sur Rose Valland, résistante dont le travail avait permis de récupérer d'innombrables trés